"Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.

Article de la "Renaissance du Bessin" paru en 1984 lors de l'Anniversaire du Débarquement de Normandie.

condé sur seulles "Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.


   Sur la route de Bayeux à Tilly-sur-Seulles, le Douet de Chouain garde un souvenir de l'ar­rivée des alliés pour permettre à tous ceux qui chaque jour, passent sur cette route, d'être libres.
   Ce souvenir n'est pas unique car les cimetiè­res militaires ne manquent pas dans notre région comme dans bien d'autres lieux de France.
   Les 48 « tombes de guerre » du Commonwealth de Jérusa­lem sur la localité de Chouain font de ce lieu de repos pour ces soldats de la libération le plus petit cimetière militaire de Normandie.
   48 taches blanches devant une croix de pierre, là à jamais au milieu des champs verts ; couleur d'espérance, espérance de paix.
   Ils sont 47 Britanniques avec un Tchèque enrôlé dans l'armée anglaise.
   Dans ce cimetière où la pre­mière tombe fut creusée le 10 juin 1944, un nom retient l'at­tention des personnes s'y arrê­tant : J. Banks.
   Un enfant, oui, un enfant. Il avait 1 6 ans lorsqu'il fut tué le 21 juillet 1944.
   Ce jeune Britannique est entré dans l'armée anglaise en falsi­fiant ses papiers, se donnant quelques années de plus.
   Lorsque ses parents apprirent que leur fils était parti au sein du « Durham Light Infantry », ils effectuèrent très rapidement des démarches en révélant son âge auprès des services de l'Armée.
   Ainsi le commandement anglais en France aurait fait savoir aux officiers du régiment où J. Banks luttait pour notre liberté que ce dernier devait quit­ter le front.
   Mais à ce moment, ce mili­taire de 16 ans prenait la route du retour qui devait le mener au cimetière de Jérusalem pour y reposer près de ses camarades.
   Les morts de ce cimetière ne proviennent pas du mitraillage d'une colonne anglaise avancée au Douet de Chouain le mercredi 7 juin à 9 heures par un avion qui s'était détaché d'une esca­drille pour piquer sur le carre­four, entraînant quelques civils dans la mort.
   Les morts inhumés à Jérusa­lem ont combattu pendant la bataille de Tilly.
   Certains soignés dans l'infir­merie située dans un champ der­rière la petite ferme de Belval ou dans l'hôpital militaire installé sur le territoire de Juaye-Mondaye au lieudit « Jérusa­lem » ne purent surmonter leurs blessures et vinrent reposer sur le bord de la route de Tilly.
"Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.
   Le cimetière, dont le terrain fut donné par le propriétaire, prit certainement le nom de Jérusa­lem par décision des Anglais qui firent une simple erreur cartographique, le lieudit « Jérusalem » n'étant pas si loin.
   Signalons également que deux aumôniers, l'un catholi­que, l'autre protestant, qui officièrent au Douet de Chouain dans l'infirmerie militaire furent tués lors de la bataille de Tilly. On les enterra en face du lieu où ils réconfortaient les blessés, c'est-à-dire au petit cimetière militaire de Chouain.
   De nombreux soldats furent relevés du sol de nos campa­gnes pour rejoindre les grands cimetières militaires. Mais quand les membres du Commonwealth virent le travail d'en­tretien fait sur ce lieu par le maire et les habitants de Chouain, ils décidèrent de lais­ser là ce lieu de sépultures.
   Notons que dès les premiers jours où les tombes apparurent, M. Bouin, maire de l'époque, décida l'entretien de celles-ci.
   Depuis la fin de la guerre, le 6 juin, le 14 juillet et le 11 novembre, les habitants de Chouain viennent autour de leur maire y déposer une gerbe et s'y recueillir, et cela chaque année.
   Ainsi le plus petit cimetière militaire installé sur notre sol après le Débarquement voit cha­que jour des hommes et des femmes s'arrêter pour se souve­nir et pour laisser sur le livre que l'on trouve dans le monument ces quelques mots :

Ne jamais oublier.
Nous nous rappellerons ces braves garçons.
Ce n'était pas en vain.

Précisons que les habitants de Condé sur Seulles se joignent à ceux de Chouain pour les commémorations.
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