Aujourd’hui 31 décembre 1884.
Délibération du Conseil de Condé |
Sont
présents M.M. Baton, Cairon, Danjon, Denize, Diaune Gustave, Diaune Jules,
Dufay, Le Grix, Le Guay et Tirel.
Le
Maire donne lecture au conseil municipal d’une pétition adressée au Conseil
d’administration de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, par laquelle
les intéressés demandent sur le territoire de Condé sur Seulles l’établissement
d’une halte où les voyageurs d’un très grand nombre de communes pourraient
prendre les trains de voyageurs.
Le
Conseil municipal après un profond examen de la pétition et du plan annexé.
Considérant que depuis de longues années l’établissement d’une halte, où les voyageurs pourraient emprunter les moyens de communication du chemin de fer, est réclamé sur le territoire de Condé sur Seulles par les habitants d’un rayon important de commune, - que cette halte tout en abrégeant énormément la distance que les voyageurs ont à parcourir pour se rendre aux gares d’Audrieu ou de Bayeux, éloignées l’une ou l’autre de douze kilomètres, procurera à la Compagnie de l’Ouest un accroissement appréciable de recettes, - que Condé sur Seulles, centre où convergent les routes les plus importantes et les plus fréquentées de la contrée, est bien la position présentant le plus d’avantages aux communes voisines pour l’établissement d’une halte, qu’en effet c’est bien le point répondant le mieux aux convenances le mieux aux voyageurs des communes de Carcagny, de Ducy, de Nonant, Condé sur Seulles, Chouain, Lingèvres, Juaye-Mondaye, Trungy, Saint Paul du Vernay et des contrées tendant vers Balleroy et Caumont, - que toute autre position plus reculée vers Bayeux présenterait un intérêt presque nul pour les habitants de tout ce rayon des communes qui préféreraient aller jusqu’à la gare d’Audrieu plutôt que de faire une longue marche ; au rebours de leur destination, pour se rendre à une telle halte.
Considérant qu’il est naturel de supposer qu’une souscription ouverte parmi les communes intéressées procurerait une somme appréciable comme participation dans la dépense nécessaire pour la création de la halte de Condé.
Par
ces motifs le Conseil municipal à l’honneur de solliciter, tant auprès du
Conseil d’administration de la compagnie de l’Ouest qu’auprès du Gouvernement,
la création d’une halte à Condé sur Seulles, vers la limite de Nonant et de
Condé, et autant que possible au point où la voie ferrée passe à niveau avec la
route de grande communication N°33 ; à cette position la Compagnie de
l’Ouest possède un vaste terrain pouvant fournir l’emplacement d’une maison et
d’un jardin pour l’usage de l’employée
chargée de la distribution des billets aux voyageurs.
Ainsi
délibéré en séance lesdits jour mois et an, et ont signé les membres présents.
Deux
expéditions certifiées conforme au registre des délibérations du Conseil
municipal de Condé sur Seulles et délivrées par le Maire soussigné.
Condé
sur Seulles le 31 décembre 1884.
Carte du tracé datant de 1890 |
Après des courriers échangés par divers services la réponse amena la déception à Condé.
Vous avez bien voulu nous transmettre :
D’une part, une délibération du Conseil Municipal de Condé-sur-Seulles demandant la création d’une halte dans la traversée de cette Commune, entre les gares d'Audrieu et de Bayeux, au kilomètre. 262+100 de la ligne de Paris à Cherbourg ;
D’autre part, la copie d’un vœu émis par le Conseil Général du Calvados et ayant trait au même objet.
Elle se trouverait située sur une déclivité de 0.007 d'une longueur de plus de 2 kilomètres.
Pour atteindre cette halte les trains se dirigeant vers Cherbourg auraient à franchir la rampe envisagée sur une distance de près de 1.400 mètres. Ils s'arrêteraient en pleine montée et leur démarrage serait, par suite, rendu très pénible.
Extrait de la réponse définitive et négative |
En outre, à l'endroit où la halte demandée devrait être installée se trouve une tranchée. Il y aurait donc lieu de faire en ce point des travaux importants au déblai, d’établir un chemin d’accès et de construire un passage à niveau.
D'un autre côté, le trafic à attendre de la halte dont il s'agit serait très faible.
Les populations des communes supposées les plus intéressées à cette création ne se serviraient certainement pas toutes de cette nouvelle halte ; peut-être celle-ci serait-elle utilisée par quelques voyageurs sans bagages : ce serait là le seul élément de son trafic.
La région est purement agricole et les cultivateurs seraient toujours obligés de se rendre aux gares de Bayeux et d'Audrieu pour y faire leurs expéditions de grains, de paille, de foins ou de betteraves.
Quant à ceux qui fréquentent les marchés, ils utiliseraient, comme par le passé, leurs voitures pour y conduire les produits qu'ils écoulent, plutôt que d'emprunter nos trains.
En résumé, la création d'une halte à Condé-sur-Seulles ne présenterait qu'un très faible intérêt pour les populations de la contrée, et aucun pour le réseau.
J'ajouterai, que l'établissement de nouveaux arrêts sur une ligne aussi fréquentée que celle de Paris à Cherbourg, ne peut qu'accentuer davantage les difficultés que nous éprouvons pour assurer à nos trains une marche régulière et pour permettre la circulation, dans des conditions normales, des nombreux trains transatlantiques à marche rapide qui la sillonnent.
Etant donné ces diverses considérations. Il ne nous est pas possible à notre grand regret de donner satisfaction au vœu du Conseil Général et à la délibération de la Municipalité de Condé-sur-Seulles que vous avez bien voulu nous transmettre.