1856 - Un des plans du projet de construction de la voie ferrée.


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Afin de vous repérer sur le plan, voici ci-dessous des liens par rapport à la situation actuelle du carrefour du centre du bourg.
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Notre ancien officiant , le Frère Godefroy se souvient de 1944

Le Frère Godefroid a officié pendant de nombreuses années dans notre église de Condé, a connu l’occupation  allemande et la libération de 1944. Il a écrit ses  souvenirs dans la revue de l'abbaye de Juaye-Mondaye: "Courrier de Mondaye".

"Je suis entré à l’abbaye en pleine guerre. J’étais séminariste à Rennes. En juin 1940, quand Rennes a été bombardé, le Séminaire a fermé ses portes. Notre supérieur connaissait le P. Abbé de Mondaye de l’époque, fr. Norbert Huchet, et c’est lui qui m’a fait connaître Mondaye. Je quittais Rennes pour l’abbaye en septembre 1941. J’avais vingt et un ans. L’Abbaye, où vivait une quinzaine de frères, par­tageait le sort commun des Français. A Mondaye, comme à Rennes, le poids de l’occupation allemande se faisait surtout sentir en matière de ravitaillement avec cartes de pain, viandes, sucre...

Puis, en 1942-43, c’est la visite de Rommel sur les côtes de la Manche. Le général allemand était chargé de la défense des côtes normandes, qui étaient encore peu fortifiées. Alors commencent les grandes réquisitions de toutes sortes : on nous fit faire la garde le long de la voie ferrée Paris-Cherbourg. Notre secteur devait assurer ces gardes de Condé-sur-Seulles à Bayeux par tous les temps. Nous y allions, le Père Edmond, le P. Maurice - qui était le Curé de Juaye-Mondaye, à l’époque , le fr. Gerlac et moi- même. Il y avait aussi le malheureux Père Jacques, avec ses sabots. Évidemment nous ne gardions rien du tout. Nous étions sensés empêcher les sabotages de la voie ferrée, mais on aurait plutôt facilité la tâche des saboteurs ! Et si on avait vu un parachutiste ? On l’aurait caché !

L’été, on s’étendait sous les pommiers, et on poussait un petit somme. L’hiver, c’était plus pénible. Une fois, c’était la semaine de Noël, avec le Père Maurice, nous nous étions réfugiés dans un wagon de paille, et nous avons chanté des noëls une partie de la nuit. Les bons normands, avec qui nous fai­sions ces gardes loufoques, apportaient du ravitaillement, et de la gnôle. Ça aidait.

Et puis les Allemands ont eu une idée géniale : on a appelé ça les asperges de Rommel. On nous a réquisitionnés pour planter de petits troncs d’arbres à travers champs pour empêcher les avions et les parachutistes de se poser. C’est ainsi que les champs autour de l’abbaye se voient transformés en forêt d’“asperges Rommel”. Évidemment, comme nous les plantions exprès en dépit de la bonne sens, pas pro­fondément, il suffisait de donner un coup d’épaules dedans pour les faire tomber ! Mais on nous payait pour ce travail, en plus!Après les gardes, les asperges-Rommel, - c’était quelques mois avant le débarquement - la mode devint de creuser les trous individuels pour soldats. Il s’agissait de creuser des trous de 1 m de long, 30 à 40 cm de large et 1 m 20 de profondeur.

Ces défenses individuelles me rappellent une belle peur ainsi qu’au Frère Gerlac qui était avec moi pour ce travail vers le Quartier Folliot. Vers midi, le soldat allemand chargé de surveiller les travaux constate que notre travail est loin d’être achevé. En effet, dans notre ardeur extrême, nous avions creusé environ... vingt centimètres ! Alors des sons gutturaux sortent de la gorge de l’Allemand : Nichts travail. Nichts partir ! On essaye quelques explications pour l’amadouer mais un clic-clac de sa mitraillette met fin à toute discussion. Et ce fut avec sa mitraillette pointée sur nous que nous creusâmes ce trou qui aurait pu devenir notre tombe.

Lieux de camouflage, garde de la voie ferrée, plantation des asperges Rommel et pour couronner ce tout, garde de jour sur le Javois contre les parachutistes imaginaires. Toutes ces réquisitions commençaient à bien faire, mais la vie continuait. On parlait du débarquement, mais on n’aurait pas su en dire la date. Le

4 juin, deux jours avant le jour J, c’était la communion solennelle, à l’abbaye. Après la cérémonie, on était autour du calvaire. Tout à coup, les avions anglais - les forteresses volantes, comme on disait - arrivent. Nous, on se cache comme on peut sous les sapins. Mais les Allemands, dans l’Abbaye, com­mencent à leur tirer dessus. Après cela, ils nous ont avertis qu’il serait prudent pour nous de quitter l’abbaye : elle était repérée et serait sûrement bombardée. C’est vrai que le matin du 6, on n’a pas été oublié !

Aussi lorsque dans la nuit du 5 au 6 juin l’horizon s’enflamma du côté de la mer avec le bruit assour­dissant des bombes, des obus de marine, je me dis : Cette fois-ci, c’est le jour J tant attendu ! J’étais à ma fenêtre du noviciat, je voyais au loin des kilomètres de feu. La maison commençait à trembler - un cadre, dans ma chambre, se détacha et tomba ! Le grand point d’interrogation : comment allions-nous donc traverser ce déluge de fer et de feu ? Dès les premières heures du 6 juin, l’abbaye recevait ses premières bombes. Le Père Maurice de sa voix de stentor invitait tout le monde à se rendre à la cave, qui allait nous servir d’abri non pas quelques jours mais cinq semaines.

Profitant de quelques accalmies, nous allons peu à peu aménager la cave : une partie cuisine, une partie réfectoire, un lieu de prière, et tout au fond de la cave, dortoir. Installation d’un fourneau, matelas, couverture, bancs, vaisselle... et sur les conseils du Père Edmond, on place deux caisses de terre devant les deux derniers soupiraux. Heureusement. Nous aurions pu avoir de nombreux blessés. Au tout début, nous étions une quinzaine dans la cave, mais bientôt, les sœurs oblates qui vivaient à l’Abbaye nous rejoignent. Puis on s’est trouvé certains jours une quarantaine : des gens du village, l’institutrice, la famille de Trimont. D’autres se réfugiaient à la ferme, chez Georges Lesage.

Toute la journée du 6 juin, il y a eu beaucoup d’activité aérienne, si bien que nous nous éloignons peu de notre abri. Le 7, au cours d’un raid d’avions, la façade Est est mitraillée. Dans la soirée de ce même jour, les premières chenillettes anglaises passent sur la route (au bas du marché). On les salue, tout en signalant que les Allemands sont partis de l’abbaye. Ils peuvent donc prendre position autour de l’abbaye. Dans la nuit du 7 au 8 juin, on entend beaucoup de bruits de moteurs, et nous pensons que ce sont les Anglais qui prennent position.

Hélas, ce sont les Allemands qui reviennent avec des tanks. Aussitôt des escarmouches s’engagent entre Allemands et Anglais et cela pendant 48 heures jusqu’au 10 juin. De la cave, au milieu du vacarme, nous entendions régulièrement les orgues de l’église jouer. Vers 17 heures de ce même jour, un déluge de fer et de feu s’abat sur l’abbaye. Ce sont les Anglais qui lancent leur attaque. Pendant près d’une demi-heure, c’est un bruit infernal. Nous sommes tous repliés dans le fond de la cave, priant tout en claquant des dents. Une absolution générale nous est donnée par le Père Maurice.

Le tir d’artillerie terminé, un silence de mort pendant quelques minutes. Puis, à intervalles répétés, des rafales de mitraillettes ; d’abord dans les bosquets. Puis, par les premiers soupiraux de la cave (on y voit les traces de balles), tous nous crions : Ici Français ! Français, ne tirez plus!. C’est alors que le Père Abbé Norbert Huchet se présente à l’entrée de la cave et en quelques mots d’anglais explique la situation. Nous sortons de la cave, accueillis par les soldats anglais aux visages barbouillés de noir. Pendant ce temps, une trentaine d’avions anglais tournaient au-dessus de l’abbaye prêts à larguer leurs engins de mort, mais par radio un ordre était donné et les avions partaient pour une autre mission.

Les Anglais ayant pris position prirent les lieux occupés quelques jours avant, entre autres le réfec­toire qui devient un certain temps hôpital. Après ces échanges avec les Anglais, alors que les Allemands étaient cachés dans le petit cimetière de l’abbaye, nous faisions le tour de la maison pour constater les

dégâts de l’attaque anglaise. Clocher, chevet de l’église sont très abîmés, ainsi que la chapelle de l’Assomption.

Aujourd’hui encore, on peut voir les traces de la guerre sur les murs : seul le groupe de terre cuite de l’Assomption, la coupole et le vitrail ont été remis en état. Sur la maison, à deux endroits diffé­rents : toitures, charpentes sont à refaire. Quant aux vitraux, surtout ceux de l’église, tous ont été com­plètement soufflés par les bombes. Nous avons vécu près de dix ans avec des planches aux fenêtres.

Dans la bataille, le portail d’entrée a été démoli. Mais on n’a compté en fait qu’une seule victime : notre chien Médor, qui a reçu un éclat d’obus dans la tête!

' Bien que libérés, nous étions toujours sous la menace allemande et de leurs obus. Ils tenaient encore une partie du bocage : certains fanatiques, des SS, enterraient leurs tanks, et tiraient sur les Alliés. Ils tenaient une semaine, quinze jours... Les Alliés ont mis cinq semaines pour prendre Caen, alors qu’ils avaient pensé terminer l’affaire en deux jours. Nous serons gratifiés des derniers obus allemands le 11 juillet. Si bien que pour nous, la guerre se déroula entre le 6 juin et le 11 juillet 1944, entre deux fêtes de saint Norbert.

Tous ces jours incertains, le danger était partout, car les positions étaient prises et reprises d’un moment à l’autre. La confusion était telle qu’on a vu les Anglais tirer sur leurs propres troupes. Le bocage est si commode pour se cacher. Au Douet de Chouain, qui a été bombardé, je me rappelle le petit Pacary - un enfant de sept ans - il allait au-devant des Anglais, avec une gerbe de fleurs : il a été tué, avec sa gerbe entre les mains...

Pendant cette période, l’abbaye servit de point d’appui pour les Anglais avec batteries de canons dans le champ Saint-Norbert. Un terrain d’aviation avait été aménagé en quelques jours, juste au-dessus de l’Abbaye, près de la ferme Saint-Barthélémy. Un jour, une armada d’avions (1000 environ) forma une véritable voûte d’un bout à l’autre de l’horizon. Tout cela pour la libération de Caen. Les Allemands tiraient. J’ai vu deux avions tomber seulement.

Une dizaine d’années après la guerre, j’ai eu l’explication de ces fugues de Bach au milieu des obus, je jouais le mariage d’Yvette Philippe. Pendant la cérémonie, à la tribune, j’aperçois en bas quelqu’un qui fait de grands gestes, je l’invite à monter. Le visiteur se présente comme pasteur luthérien allemand, organiste. Eh bien, dis-je, voulez-vous jouer la sortie du mariage ? Le pasteur s’assoit à la console, il joue une magnifique sortie. Après avoir joué, il me regarde un moment, et me dit : Etiez-vous ici lors du débarquement allié, en 1944 ? J’acquiesce. Vous rappelez-vous le soldat allemand qui jouait pendant que tombaient les obus ? Je suis très ému. Si je me rappelle ? C’est inoubliable. Il reprend : C’était moi. Nous fraternisons, je lui demande comment il pouvait penser à jouer, au péril de sa vie, à la tribune, ces jours-là. Il me dit avec humour : Oh, c’était la meilleure façon de ne pas entendre les obus qui tom­baient. Ensuite, il demande à voir la maison. Nous arrivons au réfectoire de la communauté. Comme j’ouvre la porte, il s’écrie : C’est là. Il me montre la fenêtre par laquelle il a sauté quand les Anglais sont rentrés dans la maison. Il étend la main et me montre une immense cicatrice qui demeure sur l’avant-bras. Avec ses camarades, il s’était réfugié ce jour-là dans le cimetière de la communauté, en haut du pré Saint-Norbert."

Sources: Courrier de Mondaye N°167. IWM

A Caen, l'hôtel d'un mousquetaire du Roi, seigneur de Condé sur Seulles.

  L'aristocrate Vincent Canteil de Condé, mousquetaire du roi et seigneur de Condé sur Seulles, racheta en 1747 deux maisons dont une à pans de bois appartenant à l’abbaye d’Ardenne et la remplaça par un hôtel particulier qui porte son nom, au No 19. 

La reconstruction ne fut pas totale puisque l’on peut encore voir une échaugette  sur la façade arrière. Cette demeure présente sur la rue une façade régulière percée d'une porte cochère surmontée d'un fronton . La porte a conservé un beau heurtoir de style Louis XV. 


"Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.

Article de la "Renaissance du Bessin" paru en 1984 lors de l'Anniversaire du Débarquement de Normandie.

condé sur seulles "Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.


   Sur la route de Bayeux à Tilly-sur-Seulles, le Douet de Chouain garde un souvenir de l'ar­rivée des alliés pour permettre à tous ceux qui chaque jour, passent sur cette route, d'être libres.
   Ce souvenir n'est pas unique car les cimetiè­res militaires ne manquent pas dans notre région comme dans bien d'autres lieux de France.
   Les 48 « tombes de guerre » du Commonwealth de Jérusa­lem sur la localité de Chouain font de ce lieu de repos pour ces soldats de la libération le plus petit cimetière militaire de Normandie.
   48 taches blanches devant une croix de pierre, là à jamais au milieu des champs verts ; couleur d'espérance, espérance de paix.
   Ils sont 47 Britanniques avec un Tchèque enrôlé dans l'armée anglaise.
   Dans ce cimetière où la pre­mière tombe fut creusée le 10 juin 1944, un nom retient l'at­tention des personnes s'y arrê­tant : J. Banks.
   Un enfant, oui, un enfant. Il avait 1 6 ans lorsqu'il fut tué le 21 juillet 1944.
   Ce jeune Britannique est entré dans l'armée anglaise en falsi­fiant ses papiers, se donnant quelques années de plus.
   Lorsque ses parents apprirent que leur fils était parti au sein du « Durham Light Infantry », ils effectuèrent très rapidement des démarches en révélant son âge auprès des services de l'Armée.
   Ainsi le commandement anglais en France aurait fait savoir aux officiers du régiment où J. Banks luttait pour notre liberté que ce dernier devait quit­ter le front.
   Mais à ce moment, ce mili­taire de 16 ans prenait la route du retour qui devait le mener au cimetière de Jérusalem pour y reposer près de ses camarades.
   Les morts de ce cimetière ne proviennent pas du mitraillage d'une colonne anglaise avancée au Douet de Chouain le mercredi 7 juin à 9 heures par un avion qui s'était détaché d'une esca­drille pour piquer sur le carre­four, entraînant quelques civils dans la mort.
   Les morts inhumés à Jérusa­lem ont combattu pendant la bataille de Tilly.
   Certains soignés dans l'infir­merie située dans un champ der­rière la petite ferme de Belval ou dans l'hôpital militaire installé sur le territoire de Juaye-Mondaye au lieudit « Jérusa­lem » ne purent surmonter leurs blessures et vinrent reposer sur le bord de la route de Tilly.
"Jérusalem" : le plus petit cimetière militaire.
   Le cimetière, dont le terrain fut donné par le propriétaire, prit certainement le nom de Jérusa­lem par décision des Anglais qui firent une simple erreur cartographique, le lieudit « Jérusalem » n'étant pas si loin.
   Signalons également que deux aumôniers, l'un catholi­que, l'autre protestant, qui officièrent au Douet de Chouain dans l'infirmerie militaire furent tués lors de la bataille de Tilly. On les enterra en face du lieu où ils réconfortaient les blessés, c'est-à-dire au petit cimetière militaire de Chouain.
   De nombreux soldats furent relevés du sol de nos campa­gnes pour rejoindre les grands cimetières militaires. Mais quand les membres du Commonwealth virent le travail d'en­tretien fait sur ce lieu par le maire et les habitants de Chouain, ils décidèrent de lais­ser là ce lieu de sépultures.
   Notons que dès les premiers jours où les tombes apparurent, M. Bouin, maire de l'époque, décida l'entretien de celles-ci.
   Depuis la fin de la guerre, le 6 juin, le 14 juillet et le 11 novembre, les habitants de Chouain viennent autour de leur maire y déposer une gerbe et s'y recueillir, et cela chaque année.
   Ainsi le plus petit cimetière militaire installé sur notre sol après le Débarquement voit cha­que jour des hommes et des femmes s'arrêter pour se souve­nir et pour laisser sur le livre que l'on trouve dans le monument ces quelques mots :

Ne jamais oublier.
Nous nous rappellerons ces braves garçons.
Ce n'était pas en vain.

Précisons que les habitants de Condé sur Seulles se joignent à ceux de Chouain pour les commémorations.
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