Quelques arpents... pour le repos de quelques âmes...

Guillaume de Condé, seigneur du lieu aux environs de l’an 1402, était un homme « bienpensant ». Un puissant conscient des réalités de l’au-delà. En transit dans le Bessin à l'exemple de Robert Le Prévost, curé de Condé-sur-Seulles, également soucieux de son salut éternel et de celui de ses ouailles. Il y avait donc complète identité de vues entre le maître temporel de Condé-sur-Seulles et le responsable spirituel de la paroisse. A l’époque, les rapports existants entre le seigneur et le curé étaient excellents. En bon normand, Guillaume désirait cependant contracter une solide assurance (« tous risques») garantissant... un avenir à l’ombre du clocher dominant le jardin des disparus. Et surtout au ciel...

Extrait de la carte de Cassini (1750-1815) 

Guillaume de Condé disposait de nombreux hectares de belle et bonne terre, réchauffée, à la belle saison, par le soleil de Dieu. Une terre généreuse que nul n’emporte en Paradis à la semelle de ses souliers. En conséquence, Guillaume décréta que quelques arpents valaient bien quelques messes, Il faut croire que l’estimé seigneur était déjà chargé d’années (et le curé en pleine force de l'âge) puisque Guillaume dota l’abbé Le Prévost d’une pièce de terre pour l’acquit de quatre messes par an... Pratiquement à perpétuité.

Toujours en bon normand, Guillaume de Condé passa devant notaire (ou une personnalité habilitée) pour authentifier l’acte de donation. La comparution eut lieu le 10 décembre 1402. Guillaume précisait que les quatre messes devaient être dites, non seulement au profit de son âme, mais également au bénéfice de celles de sa famille et de ses amis. La chronique ne fait pas mention d’une famille nombreuse.

Il est permis de penser que de multiples « amis » évoluaient dans la zone d’influence du puissant seigneur... Le curé, Robert Le Prévost, célébra les quatre messes en laissant au Très Haut le soin d’établir la juste part revenant à chacun.

R Quesnel