Juin 1944 - Un obus allemand sur la sacristie de l’église

         Dans la nuit du 15 au 16 Juin 1944 l’église fut bombardée par l’artillerie allemande. Les combats faisaient rage autour de Tilly sur Seulles situés à 5 kms. Un obus percuta au chevet de l’église traversa la sacristie y faisant un énorme dégât et vint éclater dans le mur de séparation entre la sacristie et le sanctuaire de l’église bouleversant absolument le maître autel en bois. Cet autel était une œuvre du XVIIIe siècle.

 L’église dont le chevet se trouve en bordure de la grande ligne Paris-Cherbourg ne pouvait ne pas être menacée. Seuls la sacristie et le sanctuaire ont souffert du bombardement. La nef a été tota­lement épargnée. Le dommage était important et rien n’était réparable ni récupérable ; de nombreux objets liturgiques furent détruits.

 La plus grosse partie du dommage (39,03%) se trouve être les agencements en bois : maître autel, armoire du clergé à la sa­cristie et chasublier.

 Les vêtements sacerdotales (31,50%) représentent 6 chappes, 4 ornements complets, une aube de prêtre,4 habits d’enfants de chœur, du linge et les nappes d’autel.

 L'orfèvrerie ne représente qu’une faible partie du dommage (5,45%) Le desservant, le Révèrent Père Dubois, ayant mis à l’abri le plus de choses précieuses possibles. Le dommage consiste en un ostensoir, 4 encensoirs avec leur navette ainsi que 2 burettes et plateau.

    INVENTAIRE des objets mobiliers détruits par faits la guerre en l'Eglise de Condé sur Seulles.

         Un maître autel en bois lu XVIIIe siècle avec son estrade. Les canons de cet autel avec chandeliers et souches au nombre de 6.

Un siège de desservant ,4 appliques électriques, une lampe de sanc­tuaire et 4 lustres.

    Dans la sacristie une armoire le clergé, un chasublier et un os­tensoir, 4 ornements complets, 6 chappes, 6 amicts, 1 aube le prê­tre, 6 corporaux, 10 manuterges, 6 pales ,10 purificatoires, 2 burettes avec leurs plateaux 2 lanternes de procession, deux nappes de dessous et une nappe de dessus,4 soutanes et cottas d'enfants le chœur et un tapis le 3 x 4 mètres.




1856 - Un registre pour l'inscription des livrets d'ouvriers de Condé sur Seulles retrouvé aux Archives Départementales

Exemple d'un livret
La création des premiers livrets ouvriers remonte à l’année 1749. Supprimés en 1791, ils sont rétablis en 1803. Le Second Empire par la loi du 22 juin 1854 crée son propre modèle de livret. Contrairement aux modèles précédents, les livrets demeurent entre les mains de l’ouvrier. Les patrons ont désormais l’obligation de rendre son livret à l’ouvrier après y avoir inscrit sa date d’arrivée ou de départ dans l’entreprise. Ils n’ont également plus le droit d’inscrire dans le livret des appréciations sur l’ouvrier, qu’elles soient positives ou négatives. Le livret ouvrier demeure néanmoins un outil de contrôle de la population ouvrière. Seuls les ouvriers munis d’un livret peuvent être embauchés et pour pouvoir quitter un employeur l’ouvrier doit faire mentionner dans son livret s’il doit encore de l’argent à son patron.

Exemples de livrets (autres localités)


J'ai retrouvé aux Archives Départementales du Calvados un registre concernant l'année 1856 établi  à la mairie de Condé sur Seulles.
Après un travail de retranscription, voici le contenu de ce registre.
15 dentellières à Condé sur Seulles



En 1956, les travaux sur la nouvelle voie ferrée du chemin de fer de Paris à Cherbourg amènent de nombreux ouvriers à s'inscrire à la mairie de Condé.
C'est ainsi que nous notons de nombreux étrangers.

Remarquons ci-dessous deux terrassiers âgés de 11 et 10 ans.








Pierre Daligaux, notre curé refuse de prêter serment, à la Constitution civile du clergé en 1790.

 

Le 24 août 1790 fut promulguée la constitution civile du Clergé décrétée par l’Assemblée nationale. 135 évêchés de France étaient supprimés et 83 créés avec des territoires qui ne correspondaient en rien à ceux des anciens. Ces évêchés furent partagés entre 10 métro­poles, et Bayeux devint le chef-lieu de l’évêché du Calvados qui lui- même dépendit de la « métropole des Côtes-de-la-Manche », c’est- à-dire de Rouen.

Les archevêques, les évêques et même les curés devaient être nommés par les électeurs ; ces derniers pouvaient être catholiques ou non.

Ce n’était plus le Pape, le Chef de l’Eglise, qui donnait le pouvoir de juridiction aux évêques, c’était l’archevêque de la métropole.

Les chapitres des Cathédrales étaient supprimés et ces églises étaient transformées en paroisses ; les prêtres qui les desservaient devenaient les vicaires de l’évêque et sans leur consentement il ne devait et ne pouvait accomplir aucun acte de son ministère.



Il est bien facile de comprendre qu’en décrétant toutes ces choses qui sont d’ordre spirituel, l'Assemblée nationale méconnaissait la hiérarchie ecclésiastique, commettait un véritable abus de pouvoir et empiétait sur les droits de l’Eglise catholique.

Un nouveau décret du 27 novembre 1790 ordonna que tous les évêques, curés, vicaires, prêteraient un jour de dimanche, à l’issue de la grand-messe, le serment de « veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui leur est confiée, d’être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution décré­tée par l'Assemblée nationale ».

Un autre décret du 9 janvier 1791 voulut que ce serment soit prêté purement et simplement sans restriction.

Prêter la première partie de ce serment était chose facile, mais jurer d’être fidèle à la Constitution, c’était méconnaître l’autorité de l’Eglise et s’en séparer, en un mot c’était devenir schismatique. Mis en demeure de prêter ce serment, Mgr de Cheylus, évêque de Bayeux, répondit dans une magnifique déclaration « qu’il ne pouvait adopter une
Constitution dont le moindre défaut est l’incompétence du pou­voir et qui n’offre aux regards du Catholique effrayé que les rui­nes de son église et le scandale inévitable du schisme qui doit l’agi­ter un jour ». Et il déclara que rien ne le décidera à prêter ce serment que sa conscience réprouvait.

Beaucoup de curés et de vicaires imitèrent leur Evêque ; Pierre Daligaux curé de Condé sur Seulles, fut de ce nombre.

 Le jeudi 21 avril 1791, le maire de Condé sur Seulles et un officier municipal se transportèrent au presbytère « pour satisfaire aux décrets de l’Assemblée Nationale du 27 novembre et à celui du 4 janvier 1791 relatifs au serment à prêter par tous les ecclésiastiques fonctionnaires ».

 Ils interpellèrent Pierre Daligaux, curé, de se con­former à la loi. Le bon curé leur répondit qu’il ne pouvait le faire que dans les termes suivants :

« Je promets devant Dieu et en face de la Ste Eglise de veiller avec tout le soin que je pourrai sur ma paroisse et sur vous tous, mes enfants, dont les âmes me sont confiées. Je promets d’être fidèle à Dieu, à la Nation, à ma Patrie, à mon Roy, et de maintenir de tout mon pouvoir toute loy conforme aux décrets de la Ste Eglise catholique, apostolique et romaine, dans le sein de laquelle je pro­teste devant Dieu que je veux vivre et mourir moyennant sa Ste Grâce. Ainsi Dieu me soit en aide et les Saints Evangiles, »

 Certes le curé de Condé ne pouvait promettre mieux, cependant son serment ne fut point trouvé bon ni conforme aux décrets de l’Assemblée nationale, c'est la meilleure preuve que ces décrets étaient dirigés contre l’Eglise Catholique et aussi que le serment de fidélité à la Constitution ne pouvait et ne devait pas être prêté pure­ment et simplement comme le voulait la loi.

De tous les points de la France s’étaient produites des récriminations contre le serment exigé. L’Assemblée nationale (les Députés d’autre­fois) entreprit d’y répondre et le 26 janvier 1791, elle arrêta qu’une longue « instruction sur la Constitution civile » serait envoyée à toutes les municipalités de France et « lue un jour de Dimanche à l’issue de la messe paroissiale par un curé ou un vicaire et à leur défaut par le maire ou le 1er officier municipal ».

Cette instruction voulait prouver, sans y réussir que, loin d’empiéter sur le domaine spirituel de l’Eglise, l’Assemblée nationale ne faisait que des réformes bonnes et utiles.

 La municipalité de Condé sur Seulles recevait un exemplaire de cette instruction avec une lettre circulaire du Directoire du départe­ment. L’une et l’autre furent aussitôt communiquées à Pierre Daligaux, et le lendemain, après la grand-messe, le Maire, sur le refus de M. le Curé, lut lui-même à l’église l’instruction de l’Assemblée nationale.

M. le Curé de Condé répondit que, fidèle à son Dieu, dévoué à la France et à son Roi, sa détermination était irrévocable et qu’il ne prêterait jamais le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé qu’on voulait exiger de lui.

La municipalité dressa procès-verbal de ce nouveau refus et l’envoya au district de Bayeux.

Par suite de son refus M. l’abbé Daligaux était réputé démis­sionnaire de sa cure.

Le 15 septembre 1792, Pierre Daligaux s’embarquait à Bernières sur Mer sur le navire de Jean-François Haupois » avec 68 autres ecclésiastiques et débarquera à Portsmouth, en Angleterre, où il trouva l’hospitalité que lui refusait sa propre patrie.

 Il reprendra un bateau pour rentrer en France le 28 mai 1802.

1944 - La trace du char allié

Les alliés qui ont débarqué quelques jours avant, en juin 1944, traversèrent Condé sur Seulles en laissant une trace des chenilles d'un char sur un mur de la ferme du centre du bourg.



 

L'espion de Condé - Une histoire de Chouans?

 Le commissaire du directoire écrivit au département, le 6 prairial an VII (25 mai 1799):


Voici les faits:

En 1799, un habitant de Condé-sur-Seulles, du nom de Jean Morin, était acquéreur des biens nationaux.

Au mois de mai de cette même année, dans sa seule pièce principale au plafond noirci par la fumée, Jean Morin s'affairait près de sa cheminée pour allumer un feu.

Sa femme entra dans la pièce, Morin la vit : « Qu'as-tu ma femme, tu en fais une tête ? Pourquoi tant de grimaces ? »

Elle n'osait pas parler, effrayée par des bruits de pas qu'elle avait cru entendre à l'extérieur.

Morin n'eut même pas le temps de se relever ; la porte de bois s'ouvrit avec fracas et trois hommes apparurent dans l'encadrement de l'huisserie. L'acqué­reur des biens nationaux, apeuré, fit la grimace en apercevant ces hommes munis de sabres et de pistolets.

   « Morin, donne-nous tes biens » cria l'un des brigands.

   « Mais je n'ai rien, n'est-ce pas ma femme ? ». Sa femme ne répondit pas ayant un sabre à la pointe menaçante sous sa gorge.

Pendant qu'un brigand tenait Morin et sa femme à l'écart, les deux autres fouillèrent la pièce et découvrirent dans une petite mallette 4.000 francs de numéraires.

Le Condéen et sa compagne ne bou­gèrent pas car les trois hommes sem­blaient bien décidés, coûte que coûte, de leur voler ce qu'ils avaient de plus précieux ; peut-être leur vie. Quelques minutes plus tard, les brigands avaient disparu avec les plus beaux effets pré­cieux et les 4.000 francs de numérai­res.

En fin de journée, le commissaire du directoire se trouvait sur place, à Condé-sur-Seulles, avec un détache­ment composé de grenadiers et de chasseurs.

Il demanda même l'aide d'un déta­chement de la 40e demi-brigade afin d'effectuer des visites dans les mai­sons de Condé mais aussi de Chouain et de Nonant, deux communes voisi­nes. Plus d'un habitant fit là une drôle de tête en voyant les hommes d'armes pénétrant chez eux pour fouiller, perquisitionner.

La femme de Morin aurait-elle eu l'impression de reconnaître la silhouette d'un des hommes, d'un des brigands.

Les jours passèrent, malheureuse­ment sans résultats.

Le commissaire du directoire eut l'idée d'employer une ruse. Il demanda à un homme, habitant depuis peu dans la région de Condé-sur-Seulles, de faire l'espion. Cet homme qui fréquentait de nombreuses maisons de Condé et des communes environnantes, pour y exé­cuter des tâches agricoles, pourrait peut-être glaner des renseignements utiles afin de permettre l'arrestation des voleurs de chez Morin.

Ainsi un espion circulait sur les che­mins du Bessin.

Quatre jours plus tard, « l'espion » se promenait dans une ruelle de Ducy-Sainte-Marguerite quand il fut arrêté et emprisonné. Cet homme était un déser­teur et n'avait aucun papier.

Le Commissaire du Directoire en fit une mine en apprenant que son espion était prisonnier avec peut-être des renseignements importants sur le vol de Condé. Le Commissaire était le seul à connaître le rôle qu'il avait voulu faire jouer à l'homme maintenant en pri­son.

Le Commissaire se rendit chez le juge de paix avec le capitaine des grenadiers et obtint la libération du déserteur.

Mais, dès sa sortie de prison, l'homme espion devint un mystère car il disparut sans jamais réapparaître.

Comme les voleurs de chez Morin.


L'association du Patrimoine vous invite à faire un tour de Condé sur Seulles.


 

Près de Bayeux, l'effondrement d'un pont à Condé sur Seulles coupe la ligne Paris-Cherbourg

   10 mars 1932 

 Un accident qui aurait pu avoir les plus graves conséquences, mais qui s’est borné à apporter d’im­portantes perturbations dans le ser­vice des trains entre Caen et Cher­bourg s’est produit dans la nuit du 8 au 9 mars 1932 entre les gares de Bayeux et Audrieu.

Une des piles du pont qui, au-dessus de la route de Condé-sur-Seulles à Nonant, sup­porte les voies de la ligne Paris-Cher­bourg et qui était en réparation, s’est effondrée, vers 5 heures du matin, aus­sitôt après le passage d’un train de marchandises, laissant les rails suspen­dus dans le vide.

L’alarme, aussitôt donnée, permit d’interrompre le trafic sans que sur­vienne d’accident et le centre de Caen, bientôt alerté, envoyait sur les lieux les ingénieurs de la Compagnie, char­gés de faire effectuer d’urgence les pre­mières réparations et d’organiser le transbordement des voyageurs.

Durant toute la journée, des auto­cars de la Compagnie effectuèrent le transport des voyageurs et des cour­riers entre les gares de Bayeux et Au­drieu où tous les trains ont subi, de ce fait, des retards atteignant jusqu’à deux heures et la marche des trains de marchandises a été interrompue.

Le trafic reprendra le lendemain sur une seule voie.



Le pont actuel avec son passage réduit suite à l'accident de 1932




Du whisky à gogo... au temps des Romains ?

     Décidément, rien de nouveau sous le soleil ! La découverte, dans le sous-sol de Condé, d'une bouteille carrée (datant de l'époque Romaine) remet tout en question ; nos lointains conquérants s'adonnaient-ils à l'euphorie du whisky à gogo ? 

L'Histoire rapporte que l'on doit, à ses Romains, la construction de nombreux aqueducs (sans parler des chaussées n'ayant rien à envier aux grands axes routiers du XXe siècle) et l'implantation d'établissements destinés à as­surer la propreté du corps humain grâce à l'utilisation de l'eau sous toutes ses formes. Il faut accorder, à l'Histoire, le plus grand crédit.


Malgré tout, à la lumière des fouilles effectuées dans le pré du « Clos Neuf » aux environs de l'année 1865, il y a lieu de ne pas accorder trop d'importance à l'eau... élément majeur de la civilisation Romaine. En creusant du côté du pont (pour meubler leurs loisirs) des chercheurs mirent au jour une bouteille (de verre) de forme carrée dont la contenance représentait environ deux litres. L'analyse n'a pas permis de retrouver la trace d'une goutte (évaporée) de whisky mais, en l'absence de preuves formelles, on peut penser que ces Romains, avec ou sans glaçons, dégustaient un « scotch-maison » à sa sortie du bain.

Mieux... au cours des fouilles, à proximité d'un cercueil (en pierre) conte­nant, on ne sait trop pourquoi, quelques particules de plomb (sans aucun rap­port avec le chargement d'une cartouche de chasse) la découverte d'une petite cuillère (en étain) fut à l'origine d'un casse-tête chinois. Inventeurs supposés du whisky, les Romains avaient-ils introduit le café sucré en terrain conquis ? Manque de chance, seule la cuillère fut retrouvée. Aucunes traces de la tasse, de la pince à sucre ! Il reste à prouver que la bouteille carrée remonte à la plus haute antiquité, Les novateurs des temps modernes demeurent en retard de quelques millénaires.

R Quesnel

Août 1891 - Incendie

L"Echo Bayeusain - Août 1891



 

L'école qui ne sera pas construite...

 Les enfants de Condé sur Seulles allaient à l'école de Nonant comme nous le prouve le document de 1873 ci-dessous.

En mai 1880, le conseil municipal, décide de projeter la construction d'une école.

9 mai 1880



Le conseil municipal,

Considérant que la commune de Condé sur Seulles invitée officieusement à se pourvoir d’une école communale, est sur le point d’être mise en demeure de construire une maison d’école.

Considérant qu’une maison appartenant aux demoiselles Esnaults (Anne et Loé) avec cour et jardin y attenant, le tout situé à Condé sur Seulles sur le chemin vicinal dans une très bonne situation à tous égards, est offerte par ses propriétaires à la commune de Condé moyennant le prix de 1500 francs ; les demoiselles Esnault se réservant seulement d’un côté un petit passage pour accéder au pré situé au bout du jardin.

Considérant que cette propriété est très convenable pour y construire une maison d’école.

Le conseil invite le Maire à traiter à cet égard avec les demoiselles Esnault et l’autorise à faire dresser un plan et un devis d’une maison d’école sur le terrain des demoiselles Esnault.

Cette école ne sera pas construite... mais c'est une autre histoire.